Marie
Tamoifo Nkom, qui remet ici la lettre de la jeunesse africaine au
président Jacques Chirac, a bien voulu accorder un entretien à la
commission sur "la dignité de la femme"
Marie
Tamoifo Nkom est une des grandes figures de la jeunesse africaine, et
un bel exemple du rôle croissant de la société civile, des jeunes et
des femmes pour concrétiser le « rêve africain ». Née à Poitiers en
1974, elle organise en 1999 le premier forum national des jeunes
acteurs environnementaux. Le deuxième suivra en 2003. C'est aussi elle
qui initie le programme Jeunesse et environnement du Cameroun ; aide à
la mise sur pied de différentes associations pour le renforcement des
capacités des jeunes ; organise des descentes dans les quartiers et
établissements scolaires de la ville de Yaoundé et ses environs ; et
sensibilise les populations sur la protection de l'environnement.
Au plan international, elle a honoré les sommets des jeunes de la Francophonie
à Paris, à Hiroshima au Japon, au Sénégal et au Maroc. Elle a également
participé au forum mondial de la jeunesse à Lisbonne (Portugal) et à
Séoul (Corée
Mariée
et mère de deux enfants, Marie Tamoifo est licenciée en droit privé et
arbore plusieurs casquettes. Coordinatrice du programme jeunesse et
environnement, point focal du programme des jeunes des Nations unies
pour l'environnement, porte-parole des jeunes leaders et présidente de
la sous - région Afrique centrale en faveur de la campagne pour les
objectifs du millénaire 2015 et consultante des questions de jeunesse.
Elle
a reçu plusieurs distinctions dont le Prix Mohammed VI en août 2005
pour le programme Environnement et la création du réseau national des
jeunes acteurs du Cameroun et le prix African lady.Marie
Tamoifo Nkom, on vous sent heureuse et équilibrée : bonnes études, gros
palmarès associatif, mais aussi mariage et deux beaux enfants. Vous
mobilisez beaucoup de militants mais les instances internationales vous
sollicitent aussi, vous bougez la jeunesse et bousculez un peu les
aînés, mais sereinement et en respectant les institutions, vous touchez
des problèmes concrets mais on vous sent fidèle à des principes.
L'équilibre semble naturel, mais avez-vous un secret ?
Difficile
de dévoiler un secret inconnu, s'il existe je pense que c'est d'abord
la chance d'avoir été dans un contexte éducatif qui prônait l'ardeur au
travail, les respect de l'autre, l'humilité, la patience des aînés mais
aussi l'impatience de la jeunesse, la foi en soi, en ses possibilités
personnelles, l'envie et le souhait de voir un jour cette jeunesse
africaine concrétiser ses vœux et à travers cela moi-même et de se
sentir entièrement libre et autonome, acteur de son destin.
Souvent
on se sent porté par une invisible puissance et force qui vous demande
d'aller de l'avant et de ne pas vous arrêter en chemin. Donc je fais ce
que dois faire et je le fais bien, autant que je peux et que mes forces
me le permettent. Je crois savoir que le travail et la préservation de
la dignité humaine sont importants pour moi. Je n'ai pas faite de
longues études car j'ai seulement une licence en droit et je souhaite
faire des formations complémentaires courtes ; je suis camerounaise et
africaine de pure souche mais j'ai appris à vivre avec tous les jeunes
du monde, donc je suis du monde par les valeurs de solidarité et
d'amour.
Malgré
cet équilibre, y a-t-il aussi chez vous des faiblesses qui vous jouent
des tours ? Pouvez-vous nous parler de vos échecs éventuels et des
leçons que vous en avez tirées ?
Pour
des faiblesses, chaque être humain en a, des défauts et des qualités,
il faut juste savoir les maîtriser et être tolérant. J'ai réalisé un
assez long parcours, semé d'embûches et de réussites, et ces quelques
échecs m'ont poussée, ces obstacles m'on donné le courage et des
raisons de me battre et de chercher à trouver des solutions et je
continue à chercher des solutions. Malheureusement l'obstacle est le
manque de moyens et de soutiens pour mobiliser, rassembler, et
continuer de me battre sans jamais me décourager en chemin avec les
jeunes eux mêmes. Car présentement nous n'avons que des partenaires
ponctuels et nous cherchons des soutiens permanents au jour le jour
pour faire avancer la cause de la jeunesse que nous défendons. Nous
essayons de faire un peu mais pas tout ce que nous souhaitons. Aussi,
beaucoup ne comprennent pas mon rôle de plaidoyer, je continue de
donner un sens à un engagement qui a été pris par les Chefs d'Etats et
j'espère un jour que les gouvernements, la communauté internationale,
la société civile et les autres comprendront ce rôle de porte-parole.
Il existe des milliers de portes-paroles car chaque jeune en est un, et
je suis la cent mille unième porte-parole de la jeunesse africaine.
Autre
difficulté que nous rencontrons : la gente masculine. Elle pense qu'en
tant que femme, nous n'avons que notre corps et notre beauté à offrir,
sans plus et que l'intelligence, la sagesse, les connaissances
politiques n'appartiennent pas aux femmes. Nous devrions nous mettre au
second rang. On vous barre la route juste parce que vous êtes femmes et
moins imposantes. On respectera plus une femme ministre qu'une femme
activiste ou de la société civile. C'est le cas mais au fil des années,
l'esprit change et la considération aussi surtout lorsque on sent que
vous maîtrisez votre sujet et que vous avez une certaine personnalité,
un certain leadership. Alors les uns sont surpris et vous demandent
comment vous faites. Comment vous y êtes arrivée car c'est impensable
d'y arriver par ses propres capacités, il aurait fallu être la fille
de... , avoir été la femme de ...ou l'amante de ... ou avoir volé ou
corrompu ... ou alors parce que vous êtes espionne de tel pays ... pour
avoir évolué ou gravi tant de marches et avoir tant de renommée. C'est
surprenant pour tous ceux qui réduisent la femme ou la jeune fille
africaine à ce stade de bassesse. Tout cela pour continuer de prouver
leur supériorité et pouvoir.
Dans
votre parcours, quelles influences ont joué votre famille, vos amis,
vos professeurs, et quelle a été la part de votre prise de conscience
personnelle ?
Mes
amis ont toujours été d'un très grand apport moral et technique dans
mes projets. Ma famille par son affection et sa présence ne cesse de me
soutenir, mes conseillers techniques également et je peux les appeler
mes professeurs ; tout cela m'a permis de constater qu'une action
solitaire serait beaucoup moins efficace, et que l'union peut faire la
force dans certaines circonstances, raison pour laquelle je consulte et
travaille avec les jeunes leaders, toutes catégories confondues et de
l'ensemble des pays et continents.
Il faut aussi noter que j'ai été
influencée par mon environnement le plus proche au fil des années et
que mes actions ont parfois subi des coups d'arrêt incompris car c'est
avec les autres que l'on fait avancer nos idées et il faut les faire
accepter, il faut convaincre et aussi les amener à comprendre la
logique et le mouvement que vous animez. Lorsqu'on
vous rejette, votre famille est toujours là et c'est essentiel pour
moi, mes frères et sœurs, ma mère ... bref ma famille élargie. Mais
j'ai toujours gardé ma vision et mes objectifs car je savais où
j'allais malgré les influences et conseils.
On vous sent soucieuse de responsabiliser les jeunes. Vous dites que
les jeunes Africains ont besoin de modèles. Quelles qualités morales
doivent-ils développer pour être un bon leader ? Un
bon leader doit avoir des principes et des valeurs, il doit être un
modèle et doit savoir diriger des hommes et penser pour les autres dans
le sens de trouver des solutions positives pour ceux qu'il représente.
Il doit se battre pour les siens et aussi se battre pour les
générations de jeunes tout en se mettant à chaque fois dans la peau de
l'autre, être un exemple de bonté et d'amour mais aussi de personnalité
et d'intransigeance. Il faut avoir le culte des bâtisseurs et toujours
aller au bout de son action, savoir rassembler les confrères à chaque
occasion : c'est cela un bon leader. Il doit avant tout aimer et
respecter l'homme dans son entièreté, il doit aimer l'homme et son
environnement, et comprendre la différence d'où qu'elle vienne.
Vous
avez reçu des prix, dont celui de African lady. Comment l'avez-vous
vécu ? Ce beau prix donne le sentiment qu'on vous voit comme « une
grande sœur », mais peut-être aussi comme « la fiancée du continent
africain » ou « la reine de cœur des Africains ». Comment votre Maman
a-t-elle réagi ? Quotidiennement, que doit être une African Lady ?
C'est
toujours surprenant au début de recevoir un tel prix mais on finit par
admettre que c'est la récompense d'un travail bien fait, et là on a le
devoir de faire mieux qu'avant pour ne pas décevoir ses fans et
admirateurs. Pour ma maman c'est une très grande joie comme tout parent
de voir son rejeton se hisser au sommet, une African Lady
doit être un modèle des Ladies et je m'efforce au quotidien de mériter
cette position. Jusqu'à présent je suis et demeure la grande sœur, la
sœur qui a émergé dans un domaine et s'est distinguée.
Votre
parcours suggère qu'une véritable société civile semble émerger en
Afrique. On ne savait pas que la vie associative pouvait être aussi
dynamique et créative, et on commence à découvrir qu'il y a pas mal de
jeunes comme vous. Comment voyez-vous l'articulation entre l'associatif
et le politique ? Irez-vous un jour vers le leadership politique ?
L'associatif
et le politique font un, l'un ne peut évoluer sans l'autre. C'est deux
mondes diamétralement opposés, mais qui se complètent, et doivent
dialoguer pour trouver un terrain d'entente. La société civile est
aussi le regard sur lequel le politique devrait insister et bien que
les politiques prétendent souvent plaider plus la cause des
populations, on observe certains manquements qui sont soulevés par une
catégorie d'acteurs et qui méritent un plus profond regard. Tous
concourent et se battent pour assurer le bien être des populations et
la société civile accompagne les actions du gouvernement, elle ne
critique pas pour critiquer mais doit proposer des solutions, raison
d'être de nos forums de jeunes ou des rencontres, il en ressort
toujours des recommandations et propositions d'actions pour tous.
Bref
je suis jeune de par mes pensées, de par mes actes et aussi je me sens
jeune de par le regard des autres. J'aime créer, innover et aussi
participer à de grandes choses, notre Président parle de
« grandes ambitions », nous aussi nous avons de grandes ambitions pour
la jeunesse et il suffit de voir ce que nous faisons sur le site web : www.jeunessevertecameroun.org
pour comprendre que nous sommes ouverts et prêts à collaborer avec tous
les acteurs qui se soucient du devenir de la jeunesse africaine et du
monde.
Pour en savoir plus,
www.jeunessevertecameroun.org
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| Association Jeunesse Verte du Cameroun 13256 Yaoundé - Cameroun Courriel : jeunesseverte@yahoo.fr Téléphone : 00 237 9 84 61 13(P)/ 00 237 2 21 29 67 Télécopieur : 00 237 2 21 29 67
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| * Nom et fonction du responsable : |
| Marie Tamoifo Nkom Secrétaire Exécutif AJVC 13256 yaoundé - Cameroun Courriel : tamoifo_marie@hotmail.com Téléphone : (00 237) 9 84 61 13 |
|
www.jeunesseafricaine.org
Recevant le prix Mohamed VI au Maroc En thailande - SOS leadership youth summit